Cluny, de la fondation à la destruction.
En 909 (ou 910), le duc d’Aquitaine Guillaume le Pieux donna sa terre de Cluny qu’il possédait en Mâconnais, pour y fonder une abbaye. À partir de ce qui allait devenir une maison-mère, un vaste réseau d’abbayes et de prieurés dépendants, s’installa sur une grande partie de l’Europe occidentale. Vers 11OO, 12OO communautés –et 10 000 moines–, étaient rattachées à l’abbaye bourguignonne. Sa puissance était telle qu’on parla alors d’Ecclesia Cluniacensis, une Église à l’intérieur même de l’Église universelle. Après 1156, date à laquelle mourut Pierre le Vénérable, dernier grand abbé de Cluny, elle perdit son pouvoir politico-socio-religieux. Elle continua toutefois d’exister, et parfois même de manière importante, comme simple ordre, jusqu’à la Révolution française qui interdit alors tout ordre monastique. Pendant deux cents ans à partir de 1789, de nombreux bâtiments clunisiens furent détruits, endommagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins.
Cluny, le sursaut patrimonial.
Depuis les années 1980, un courant patrimonial s’est emparé de la France et de la vieille Europe. De nombreuses associations se sont créées –et continue à se créer–, pour restaurer et réhabiliter tant du patrimoine civil –moulins, fours à pain, lavoir, pigeonniers, châteaux, etc.–, que religieux. Nombre de sites clunisiens retrouvèrent ainsi une nouvelle existence. Afin de coordonner leurs actions et mieux se faire connaître, ils se regroupèrent en 1994, à Souvigny, en Fédération. Celle-ci en mai 2005 a été honorée du titre de « Grand Itinéraire Culturel Européen » par le conseil de l’Europe.
Le Réseau des Sites Clunisiens : « Grand Itinéraire Culturel Européen ».
Le programme des Itinéraires culturels est né au Conseil de l’Europe en 1987. L’idée est de montrer, de façon visible, à travers le voyage dans l’espace et dans le temps, que le patrimoine des différents pays d’Europe constitue en fait un patrimoine culturel commun. Les Itinéraires permettent également d’illustrer concrètement les valeurs fondamentales du Conseil de l’Europe : droits de l’homme, démocratie culturelle, diversité et identité culturelle européenne, dialogue, échange et enrichissement mutuel par delà les frontières et les siècles.
Le Réseau des Sites Clunisiens comprend neuf régions dont l’Auvergne.
Le Réseau Clunisien d’Auvergne
Pour la région Auvergne, et contrairement aux autres, le découpage du réseau correspond à son identité administrative et presque historique –le Velay et le Bourbonnais étant rattachés à l’Auvergne seulement depuis la Révolution française. À ce jour, quatorze sites auvergnats officiels –plus trois autres présents par le biais d’une association–, intègrent ce réseau. Cette unité, cette forte présence et une volonté déterminée de la part de chacun, peuvent s’expliquer par les liens privilégiés qui existaient, au départ, entre Cluny et l’Auvergne.
En effet, le fondateur même de Cluny, Guillaume le Pieux était comte d’Auvergne. Et pour obtenir la terre de Cluny qui appartenait alors à sa sœur Ava, il dut l’échanger en 893 avec une propriété qu’il possédait en Auvergne, tout près de Sauxillanges. Déjà sa mère avant lui, avait fondé en 885 un couvent de bénédictines à Blesle –plus tard rattaché à Cluny. Parmi les cinq filles majeures de l’ordre, deux –Sauxillanges et Souvigny–, se trouvent en Auvergne. Parmi les six grands abbés de l’ordre, deux –Odilon de Mercoeur (994-1049) et Pierre le Vénérable (1122-1156)–, étaient Auvergnats. Odilon encore et son prédécesseur Mayeul, furent enterrés à Souvigny où un culte leur était rendu. Il n’est donc pas étonnant que lorsque les premiers sites clunisiens décidèrent de se fédérer en 1994, ils le firent en Auvergne.
Afin de mieux vous faire partager cette histoire, cet « Itinéraire Clunisien de la Région Auvergne » vous propose des informations sur les différents sites qui le composent. Il pourra prendre sa place à côté d’autres guides du patrimoine historico-religieux de la Région Auvergne : l’art roman, le réseau casadéen, le réseau cistercien.